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La capacité de s’identifier aux autres et de ressentir leurs émotions a suscité beaucoup d’attention ces dernières années. Cependant, selon Mael Mauchand, étudiant en neurosciences à l’Université McGill, c’est un phénomène peu étudié. Alors que les scientifiques analysent souvent l’empathie dans des situations de crise où la douleur et la misère sont visibles, Mauchand estime que l’empathie concerne également de petits détails qui aident à établir des liens avec des inconnus. Il déclare : « Nous comprenons encore mal son rôle dans les interactions quotidiennes. »

La recherche

Pour explorer cela, Mauchand s’est concentré sur un scénario en apparence banal à Montréal : les conversations entre les nouveaux immigrants français et les Québécois. Des recherches antérieures ont souligné l’importance du ton de voix et des différences culturelles dans les niveaux d’empathie exprimés par un locuteur. Le jeune chercheur a cherché à savoir si les accents, reflets d’un contexte culturel, influencent également l’empathie. Il explique : « Les Français qui viennent d’arriver à Montréal peuvent ne pas être familiers avec l’accent québécois, être moins intégrés et avoir de nombreux préjugés. Nous nous demandions si cela avait un impact sur leur capacité à ressentir de l’empathie pour les Québécois. »

L’étude a impliqué le recrutement de 26 participants français qui ont écouté des centaines de phrases lues par des locuteurs français ou québécois, certaines avec un ton neutre et d’autres avec un ton plaintif. Alors que les sujets évaluaient l’intensité des émotions, leur activité cérébrale était mesurée à l’aide d’un électroencéphalogramme.

Les résultats de la recherche : existe-t-il un lien entre accent et empathie ?

Les conclusions, publiées dans le journal scientifique Neuropsychologia, sont rassurantes. Dans ce contexte spécifique, l’accent ne semble pas influencer significativement les réactions empathiques. Mauchand note : « Nous avons plusieurs façons de saisir les signaux vocaux. Le ton et le contenu semblent plus critiques que l’accent pour réduire le rôle de l’accent dans les réactions empathiques. »

Les différences culturelles

Cependant, les différences culturelles jouent toujours un rôle. Mauchand précise : « Nous avons observé une différence marquée dans la façon dont le signal est traité par l’auditeur. » Lorsqu’un Français écoute les plaintes d’un compatriote, il y a une réponse rapide associée à l’activité cérébrale, ressemblant à de l’empathie affective, une compréhension intuitive des expériences des autres. En revanche, lorsque l’accent est québécois, cette réponse est retardée, indiquant une empathie cognitive nécessitant une analyse et une contextualisation des stimuli pour les comprendre.

Conclusion

Bien que ce résultat nécessite une confirmation ultérieure dans d’autres contextes culturels concernant les relations entre la France et le Québec, il suggère que si vous rencontrez un manque d’empathie en voyage, ce n’est peut-être pas simplement une question d’accent.

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